Vous aussi vos grands-parents vous ont peut-être dit “C’est pas nouveau ce truc, c’est comme avec les bouteilles de lait, je le faisais aussi avant !” quand vous leur parlez de vos bouteilles de bière consignées ? 

Et bien sachez que la consigne ce n’est pas une invention des écolos mais un système utilisé il y a plus d’un siècle et que la société de consommation nous a fait oublier. Au cœur de l’économie circulaire, la consigne fait son come back, laissez nous vous raconter son histoire 😉 

La consigne, qu’est ce que c’est ?

La consigne est une petite somme d’argent, payée par le consommateur à l’achat d’un produit emballé. Cette petite somme lui est restituée lorsqu’il rapporte l’emballage vide pour qu’il soit réutilisé, réemployé ou recyclé. 

L’historique de la consigne

On pourrait croire que la consigne est une nouvelle mode. Mais en réalité, la consigne a une longue histoire derrière elle. 

Au siècle dernier, la consigne était largement répandue. Une loi l’a même rendue obligatoire pour la brasserie et les eaux gazeuses en 1938. Cette loi sera abrogée en 1989 par une nouvelle loi relative à l’information et à la protection des consommateurs ainsi qu’à diverses pratiques commerciales. 

Avec les débuts de la société de consommation, la consigne s’est progressivement effacée au profit des emballages plastiques jugés plus hygiéniques, moins chers à mettre en place grâce au développement du plastique et personnalisables à l’image des marques. 

Au début des années 1990, une réglementation concernant la conception et la fin de vie des emballages ménagers est mise en place afin de freiner l’augmentation du volume de déchets. Les industriels utilisant des emballages à usage unique doivent alors verser une contribution à des éco-organismes. Cette réglementation permet la réduction des déchets mais n’incite pas à la consigne qui est peu à peu abandonnée et oubliée.

La consigne a progressivement disparu avec l’arrivée des emballages jetables. Mais elle fait aujourd’hui son grand retour, plus forte que jamais ! Le gouvernement français a même laissé entendre que la consigne pourrait de nouveau être la règle.

La consigne, comment ça marche ? 

Aujourd’hui, il existe deux types de consigne : la consigne pour réemploi et la consigne pour recyclage. 

La consigne pour réemploi concerne les emballages conçus pour résister à plusieurs utilisations (bouteilles en verre, bocaux ou colis Opopop ;)). Les emballages sont collectés, afin d’être lavés, remplis et remis en circuit. Comme ils sont utilisés plusieurs fois, ils se substituent aux emballages à usage unique et évitent les déchets. 

La consigne pour recyclage concerne les emballages à usage unique (bouteilles plastiques, canettes). Ces emballages sont récupérés et envoyés dans des usines de recyclage (comme vos déchets de poubelle jaune). L’objectif n’est pas d’éviter les emballages jetables mais de s’assurer que les déchets seront bien collectés, triés et recyclés. 

Pourquoi réemployer plutôt que recycler ?

Réutiliser permet d’économiser des ressources naturelles. Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), réutiliser permet d’économiser 75% d’énergie par rapport au recyclage. Réutiliser a donc un impact bien moindre que le recyclage. 

La différence est flagrante lorsqu’on prend l’exemple de la bouteille en verre consignée. Malgré un taux de recyclage du verre très élevé d’environ 80% en France, le taux de réincorporation de verre recyclé dans une nouvelle bouteille est de 61% en moyenne, c’est-à-dire que pour 10 bouteilles en verre produites, 4 sont issues de matériaux vierges. 

Les atouts de la consigne

Le plus gros atout de la consigne est son impact environnemental positif. Elle permet de s’attaquer à la pollution et à diminuer le nombre d’emballages à recycler, incinérer ou enfouir en fin de vie. 

Il faut cependant réfléchir à la pertinence de la consigne, en s’appuyant sur différents critères : la distance et le mode de transport retenu, le poids des emballages, les matériaux utilisés, le nombre de réutilisation des emballages réutilisables ou bien le taux de recyclage des emballages à usage unique …   

La consigne a d’autres atouts bien cachés 😉 

Sur le plan économique, tout le monde est gagnant. Le producteur cesse d’acheter des emballages une fois qu’il a investi dans des emballages consignés. Ce gain va se répercuter sur le consommateur qui n’achète plus que le contenu (et non plus le contenant).

La consigne permet également la création d’emplois locaux non-délocalisables, par exemple pour le lavage de récipients ou encore la logistique de colis consignés 😉. Selon l’ADEME en 2013, ce seront 10 000 à 20 000 emplois qui pourront être créés grâce à la réutilisation. 

Le système de consigne a un rôle incitatif sur le consommateur. Il va encourager le tri des emballages et favoriser le réemploi et le recyclage. Le système de consigne pour recyclage a par exemple montré son intérêt en Allemagne, où le taux de plastique recyclé atteint 40%, un des taux les plus élevés d’Europe. 

La consigne en Europe

La consigne en France n’a pas tout à fait disparu. Dans les cafés, hôtels et restaurants, ce sont 30 à 40% des bouteilles qui sont consignées. Cette consigne permet selon le Plan national, d’éviter 500 000 tonnes de déchets d’emballages. Mais ces chiffres sont à regarder avec du recul. En effet, ces 200 000 tonnes de verres consignées sont à comparer aux 360 000 tonnes de verre à usage unique … un constat plutôt décevant. 

L’Alsace est le seul département qui a maintenu le principe de consigne pour les particuliers. Chaque année, 25 millions de bouteilles sont réemployées. Mais cette organisation nécessite une installation importante, 30% des magasins sont équipés de machines de déconsignation.

À l’échelle de l’Europe, 21% des boissons sont vendues dans des bouteilles réutilisables et réutilisées. L’Allemagne fait partie des plus avancés sur le sujet en consignant 82% de ses bouteilles de bières. 

Sur quels produits s’applique la consigne

Les bouteilles en verre, remplies de lait, de bière ou de vin, sont les contenants les plus consignés à ce jour. C’est le cas chez l’intendance, l’épicerie bio 100% zéro plastique ou chez qui a relancé la consigne sur ses bouteilles de vin. 

Mais face à l’urgence environnementale, la consigne revient en force et concerne maintenant tous types d’emballages alimentaires : la boite à repas pour la vente à emporter comme les pyxobox réutilisables de Pyxo, les bouteilles et les fûts de bières dans les bars et restaurants, le gobelet à café, les écocups dans les festivals ou encore les bacs de transport pour livrer les épiceries et les commerces de bouches avec par exemple les bacs de livraison réutilisables de Pandobac.

Mais elle ne s’arrête pas là, la consigne s’étend aux flacons cosmétiques et maquillages consignés comme chez Cozie, aux bidons pour les produits d’entretiens, aux emballages postaux pour la vente en ligne (coucou c’est nous ;)). Elle concerne aussi le secteur industriel avec les palettes et les caisses de transport, le secteur automobile ou encore celui de la chimie. 

Les initiatives se multiplient et sont de plus en plus high-tech comme GreenGo, qui a récemment lancé son application pour permettre aux restaurateurs de proposer leurs plats à emporter en mode zéro-déchet grâce aux collecteurs qui permettent de récupérer les récipients consignés. 

Quel avenir pour la consigne ?

Aujourd’hui, beaucoup d’initiatives se mettent en place pour relancer la consigne. Des réseaux se forment comme le réseau consigne et réemploi, qui réunit et fédère les différents acteurs de cet écosystème afin de soutenir chaque initiative et promouvoir la consigne et le réemploi.

Sources : 

> Zero-waste : Consigne sur le verre : pour qu’elle revienne  

> Le monde : Recyclage : comment la consigne a disparu en France 

> Retour de la consigne en France  

> Reconcil : la consigne